L’AFPS Val d’Oise témoigne d’une expérience à partir de l’implication des militants dans les missions organisées par la CCIPPP. La volonté d’un ancrage de ces mission et leur articulation avec des projets possibles dans le secteur de Bil’in (plus précisément dans le village de Safaa) est affirmée.
L’importance du travail de témoignage est souligné.
Trois principes doivent orienter les missions selon ce groupe local :
• l’articulation avec des projets
• la volonté de mobiliser largement (que ça ne soit pas toujours les mêmes qui partent)
• l’inscription claire de ces missions dans le cadre du soutien à la lutte du peuple palestinien
Le groupe d’Angers indique que plusieurs militants ont participé à des missions :
• celles de décembre 2001 organisée par la CCIPPP et l’AFPS
• à des missions de cueillettes d’olives dans la région de Hébron organisées par le groupe de Rennes
• à des voyages en lien avec l’association « al Kamandjati » de Ramzi abu Redwan (constitution d’un résean d’écoles de musique dans les camps de réfugiés de Cisjordanie)
• à des voyages à vocation humanitaire ou politique.
Là encore, le témoignage au retour est une priorité.
Le groupe de Nancy-Metz est impliqué dans le travail avec l’association Najdeh, dans le camp de réfugiés de Chatilah à Beyrouth (parrainage d’un jardin d’enfants). Des voyages ont eu lieu dans ce cadre. Peut-on considérer cela comme des « missions » s’interroge notre camarade ?
Elle note que plusieurs militants sont également partis à titre individuel, mais note un certain sentiment d’impuissance au retour (difficulté à organiser le témoignage, à inscrire cela dans une dynamique).
Le groupe Sud Cornouaille (Quimper, Douarnenez et le Finistère-Sud) participe depuis quatre ans aux missions de cueillette d’olives dans la région de Hébron. Il note que cet investissement joue un rôle majeur dans la dynamisation du groupe local. Le recrutement est large et dépasse le rang de nos adhérents. Au retour, il y a de multiples initiatives : conférences de presse, projections de diapositives, débats. Le camarade de Quimper insiste sur l’utilité de ces missions pour les Palestiniens : ça ne sert pas qu’à témoigner. Cela a permis de développer des relations plus fortes avec les Palestiniens, y compris au plan institutionnel (jumelage entre la ville de Hennebont dans le Morbihan et la municipalité de Halhoul, avec notamment des pistes de travail dans le domaine de la santé - contacts avec les élus du Conseil Général de Finistère, avec le Conseil Régional). Le jumelage entre la ville de Douarnenez et le camp de réfugiés de Rachidiyeh est également en bonne voie (La maire de Douarnenez s’y est déjà rendue à deux reprises).
Le groupe de Nantes a également participé aux cueillette d’olives organisées par Rennes, mais souhaite développer ses relations avec la région de Jénine (un jumelage est en cours entre des communes de Nantes-agglomération et le camp de Jénine) : le groupe local étant également impliqué dans le projet « huile d’olive », il voudrait contribuer à tisser des relations entre le camp et son environnement rural en s’impliquant si cela est possible dans des cueillettes dans le secteur de Jénine.
Une mission d’élus devrait avoir lieu en septembre prochain.
Besançon souligne l’intérêt de l’initiative de la GUPS « un pont au delà des murs », qui permet à des étudiants de s’engager dans des projets éducatifs en direction d’enfants, mais propose également une découverte de la Palestine occupée, des conséquences de cette occupation. Il y a intérêt à prendre en compte cette initiative notamment pour développer des réseaux de solidarité parmi les étudiants. Il faudrait développer des liens plus forts entre l’AFPS et la GUPS au plan national afin d’être un meilleur relais pour ce type d’actions.
L’AFPS 04 a essentiellement développé son travail sur un axe technique en lien avec le projet huile d’olive. Monique a rejoint ponctuellement une mission de cueillette d’olive à Hébron il y a deux ans (avec un groupe de la CCIPPP). Il serait souhaitable lier le projet huile d’olive et des missions de ce type : il y a dans les zones concernées par l’expérimentation beaucoup de colonies et des difficultés d’accès aux oliveraies (c’est aussi le cas à cause du mur).
Des projets de type « tourisme solidaire » pourraient également être montés.
Chambéry s’est impliqué dans des missions techniques (santé-psychiatrie), et dans des activités d’enseignement du Français, à Massara (région de Bethlehem).
Claude Léostic insiste sur l’idée que la participation de jeunes ne doit pas être « gratuite » : elle met en cause le financement intégral par les groupes locaux du départ de jeunes, qui ne sont pas forcément investis au retour (en prenant appui sur l’expérience de Brest - discutable selon elle).
Cette prise de position suscite un débat : Jean-Michel, de Besançon, rappelle que la solidarité ne peut dépendre des moyens financiers dont disposent individuellement les militants. Il dit que la participation de jeunes ou de personnes en situation précaire dépend souvent d’une prise en charge par le collectif. Le groupe de Rennes a développé depuis dix ans un travail (de chantiers de jeunes d’abord, puis de missions diverses ensuite), avec une participation importante de jeunes (entre 18 et 25 ans) : nombre d’entre eux n’auraient pu participer s’ils avaient dû payer une participation individuelle. Cela ne signifie pas que leur participation ait été « gratuite » : ils ont été impliqués dans des recherches de moyens : montages de dossiers, activités d’autofinancement - repas, tombolas, souscriptions volontaires... Cela implique que la préparation de telles missions ne s’improvise pas au dernier moment : il faut commencer au moins dix mois à l’avance ! De toute évidence, on ne peut pas garantir une implication militante au retour, il y a toujours des risques ( par exemple on perd toujours des étudiants qui changent d’université, ou qui passent des concours...). Mais l’expérience de Rennes, c’est qu’on en garde une partie importante, qui continue à être active, parfois dix ans après !
Le groupe de Rennes a organisé plusieurs types de missions depuis 2000 (on laissera de côté l’expérience antérieure des chantiers, impossibles depuis la deuxième intifada). Des missions d’urgence pendant les deux premières années de l’intifada : leur but était axé principalement sur le témoignage et ponctuellement sur le secours (approvisionnement en médicaments du village de Deir Istiya en juillet 2002, intervention pour faire libérer des villageois pris en otages par l’armée...). Mais l’essentiel a été l’organisation des missions de cueillettes d’olives (cinq campagnes en tout depuis octobre 2001). Celles-ci ont lieu dans la région de Hébron, la logistique étant assurée sur place par le Comité de Défense de la Terre, avec la participation du PFU et du Ministère Palestinien de la Jeunesse et des Sports. L’organisation sur place implique directement les paysans (désignation des parcelles nécessitant une intervention, planification du travail, organisation des équipes...). Chaque cueillette est préparée avec l’aide de juristes, tous les contacts sont pris avec l’autorité palestinienne, les autorités d’occupations sont également avisées : il ne s’agit pas d’actions clandestines, bien au contraire ! C’est un acte de résistance au grand jour, annoncé comme tel.
Notons que ces missions sont fréquemment rejointes par d’autres groupes de solidarité : les rabins pour les droits de l’homme, Taayush, des volontaires américains ou britanniques, des groupes de la CCIPPP, des missions syndicales de SUD Solidaires.
Le principe est d’assurer une permanence tout au long de la campagne de cueillette, ce qui suppose d’organiser une rotation des équipes (chacune de 10 à 12 personnes), selon les cas tous les quinze jours ou toutes les semaines (cela dépend de la disponibilité des volontaires). Les participants sont très divers : de tous âges, de toutes catégories socio-professionnelles, de toutes origines. Ils proviennent de tout le grand ouest, avec une participation majoritairement bretonne.
N.B. Il n’y a pas besoin de mettre en place de groupes numériquement plus importants : l’utilité des volontaires ce n’est pas de faire masse comme main d’oeuvre, mais d’être présents dans toutes les situations de contact avec l’armé ou les colons pour négocier, éviter les rapports de forces, rappeler le droit.
Ce sont les partenaires palestiniens qui décident de la marche à suivre, et de l’attitude à adopter : les groupes de volontaires n’ont dans ce domaine aucune marge d’initiative.
Le recrutement des volontaires se fait au fur et à mesure des initiatives publiques que nous organisons, la préparation démarrant au mois de mai pour les premiers inscrits.
La préparation implique la participation à trois réunions minimum :
• une première où l’on aborde l’histoire du problème israélo-palestinien et où l’on présente la situation actuelle.
• une seconde, où l’on présente la société palestinienne, les usages, les modes de vie (en s’appuyant la plupart du temps sur des films de fiction)
• une troisième plus spécifiquement consacrée aux cueillettes : organisation du travail, protocoles de sécurité, questions pratiques (en général toutes celles auxquelles les militants habitués ne pensent plus, mais qui viennent inévitablement sur la table au cours des échanges...).
Une charte d’engagement est soumise à l’approbation des volontaires, qui stipule les conditions de la participation. Un document confidentiel leur est remis (à stocker sur une adresse mail et non pas à imprimer pour des raisons de sécurité évidentes).
Chaque volontaire se charge de réserver son propre billet d’avion : il n’y a pas de réservation collective, pour éviter tout refoulement à l’arrivée à l’aéroport Ben Gourion
Le groupe de Rennes a privilégié une implantation locale, reconduite d’année en année, à une « délégation de service » aux grosses ONG palestiniennes, qui promènent les délégations de volontaires au gré de leurs priorités propres (ce qui n’est pas sans risques : nous sommes solidaires du peuple palestinien, pas de telle ou telle organisation particulière).
Ce travail localisé et inscrit dans la durée permet d’avoir une approche évaluative : effet produit sur l’occupant, effets positifs pour la population locale, pour les paysans (émergence de projets coopératifs, entraide...).
Difficultés : nous sommes un peu victimes du succès de cette initiative : arrivée impromptue de groupes, voire de volontaires isolés, qui augmentent de manière parfois considérable les effectifs et posent des problèmes de logistique (hébergement, transport...).
Conclusion : il y a des besoins partout en Palestine occupée et il est donc nécessaire d’envisager le développement de ce type de missions dans d’autres secteurs que Hébron. Pourquoi ne pas envisager une sorte de parrainage de chaque secteur géographique de Palestine par une coordination régionale, afin d’assurer une permanence, de connaître bien mieux les besoins, mais aussi de développer des réseaux de connaissances au plus près du terrain ?
Perspectives
Le projet « huile d’olive » a vu un développement d’expérimentations dans les secteurs de Qalqiliya, Tulkarem, Salfit et Ramallah. Il serait donc possible d’envisager la mise en place à titre expérimental de chantiers de cueillettes dans l’une de ces zones dès le mois d’octobre prochain. La venue d’une délégation de techniciens et de paysans impliqués dans le projet courant mai, ainsi que la présence en France, à la même date, de notre principal partenaire pour les cueillettes à Hébron devrait permettre une rencontre et un partage d’expérience : échanges sur les principes, sur les modalités d’organisation. Le groupe de Rennes a déjà pris des contacts et dispose d’un lieu possible d’hébergement (gratuit) dans le village de Deir Istiya (où est situé l’un des moulins concernés par le projet huile d’olive). A partir de cette base il est possible de rayonner dans toute la région de Salfit (Deir Istiya est dans le district de Salfit), mais aussi en direction de Tulkarem, très proche. Compte tenu de la concentration des colonies dans cette zone, il ne devrait pas être difficile de trouver des lieux de travail.
Une précaution indispensable (c’est en tout cas la conviction qui est la nôtre, et Michel Warchawski avec qui nous en avons parlé est d’accord sur ce point), c’est que l’organisation des cueillettes doit échapper à toute logique sectaire ou partisane : notre expérience indique que cela marche lorsque tous les paysans, quelles que soient leurs options politiques, sont bénéficiaires de notre intervention. Les missions de cueillette d’olive ne doivent pas être confisquées au profit de tel ou tel groupe politique ou ONG. Cela implique que leur coordination sur place prenne en compte cette nécessité, faute de quoi elle seraient immanquablement vouées à l’échec (par exemple, il semble impossible de limiter l’intervention des groupes auprès des seuls adhérents des coopératives déjà constituées autour des moulins). Le rôle des paysans doit être majeur : à eux de se coordonner, de décider des priorités, de préparer le calendrier.
Il semble également primordial d’impliquer les municipalité, les représentants de l’autorité palestinienne...
Le Groupe de Rennes et quelques volontaires déjà expérimentés sont prêts à apporter leur contribution à la préparation des groupes de volontaires qui se constitueront. Il serait souhaitable que l’AFPS 04 soit maître d’oeuvre pour ce qui concerne la centralisation des inscriptions et l’organisation du calendrier. L’organisation des réunions préparatoires devra être régionalisée : région PACA, Rhône-Alpes, Grand-Est... etc.
Inutile de voir trop grand en cette première année d’expérimentation : si on pouvait tenir trois semaines ou un mois, cela serait déjà très bien (cela représente tout de même quarante volontaires à trouver, à former...).
Les outils mis au point par le groupe de Rennes seront mis à disposition des coordinations régionales intéressées.